Bicentenaire Aimé Laussedat

Le 30 avril 2019, deux siècles après la naissance d’Aimé Laussedat (1819-1907), une assemblée constituée de topographes, photogrammètres et historiens français se réunissait à Paris pour commémorer ce personnage exceptionnel. Cette journée du bicentenaire a eu lieu au CNAM[1], lieu de science et de mémoire où Laussedat a été professeur puis directeur à la fin du XIXe siècle. Organisée par l’AFT[2] et la SFPT[3] représentées respectivement par leurs présidentes Françoise Duquenne et Aurélie Sand, cette manifestation a bénéficié du soutien de plusieurs institutions publiques ou privées, héritières des travaux de Laussedat : le CNAM, représenté par Olivier Faron, Administateur général ; l’IGN[4], représenté par Nicolas Paparoditis, directeur de l’ENSG[5] ; l’OGE[6], représenté par Jean-François Dalbin, président du Conseil Supérieur de l’Ordre ; le SNEPPIM[7], représenté par son président Fabrice Bunouf. Cette commémoration était placée sous l’égide de l’ISPRS[8], dont le président Christian Heipke était venu dans le pays natal de Laussedat pour rappeler que son héritage est en réalité international. Un public d’environ 150 personnes a assisté à des conférences qui ont permis de retracer la vie et l’œuvre de Laussedat, et de constater l’énorme héritage qu’il nous a légués, notamment dans les professions de la topographie.

Crédit Photo : Isabelle Grujard

Claudine Fontanon et Olivier Azzola ont évoqué la carrière académique de Laussedat et le rôle important qu’il a joué au CNAM et à l’Ecole polytechnique, respectivement. Dans les deux cas, le fait qu’il soit un fidèle serviteur de l’institution ne l’empêcha pas d’avoir une position critique où se mêlaient la rigueur scientifique et les convictions républicaines. Yves Egels a replacé les innovations de Laussedat dans le contexte intellectuel et technologique de son époque, et l’héritage qu’il a légué au monde académique a été évoqué par Pierre Grussenmeyer, Marc Pierrot-Deseilligny et Laurent Polidori. Audrey Alajouanine et Michel Mémier, géomètres-experts, ont rappelé la place de la photogrammétrie dans des entreprises de la topographie et du foncier, les évolutions récentes permises notamment par l’imagerie numérique et le drone, ainsi que les enjeux économiques et de recrutement. La journée s’est achevée par la conférence de Christian Heipke, qui a montré comment Laussedat s’était inscrit dans l’évolution intellectuelle des siècles précédents et comment la communauté internationale s’était approprié sa contribution avant de se structurer en société savante en créant en 1910 la Société internationale de photogrammétrie dont il est l’actuel président. Il ressort de ces interventions que le rôle essentiel de Laussedat dans l’émergence de la photogrammétrie doit être replacé dans un contexte où apparaissent de nombreuses autres influences. Les origines de la perspective et de la stéréoscopie théorisées dès la Renaissance, les travaux de Beautemps-Beaupré, l’invention de la photographie, la situation géopolitique de l’Europe, font partie de cette histoire. Les présentations seront publiées prochainement dans un ouvrage aux éditions Publi-Topex, Aimé Laussedat (1819-1907), le précurseur de la photogrammétrie.

Laurent Polidori


[1] Conservatoire National des Arts et Métiers
[2] Association Française de Topographie
[3] Société Française de Photogrammétrie et de Télédétection
[4] Institut National de l’Information Géographique et Forestière
[5] Ecole Nationale des Sciences Géographiques
[6] Ordre des Géomètres-Experts
[7] Syndicat National des Entreprises Privées de la Photogrammétrie et de l’Imagerie Métrique
[8] International Society for Photogrammetry and Remote Sensing



Crédit photo : Isabelle Grujard

De gauche à droite : Nicolas Paparoditis, Directeur de l’Ecole Nationale des Sciences Géographiques et Directeur du Congrès ISPRS 2020, Laurent Polidori, Professeur au CNAM en détachement au CNRS, Françoise Duquenne, Présidente de l’Association Française de Topographie, Aurélie Sand, Présidente de la Société Française de Photogrammétrie et de Télédétection, et Christian Heipke, Président de l’International Society for Photogrammetry and Remote Sensing.